22 août 2024

Visite de solidarité à Jérusalem

Du 16 au 20 juillet 2024

La pasteure Emmanuelle Seyboldt, présidente de l’Église protestante unie de France, et Christian Albecker, président de l’UEPAL, se sont rendu à Jérusalem, du 16 au 20 juillet 2024, pour exprimer la solidarité des Églises luthériennes et réformées aux chrétiens de Palestine et d’Israël et à tous les habitants de ces territoires déchirés par la guerre.

>> Christian Albecker témoigne ici de son vécu durant ce voyage de solidarité. Il se rend volontiers disponible pour témoigner dans les paroisses de l’UEPAL qui le souhaitent. Merci de contacter le service communication : communication@uepal.fr

 

Mercredi 17 juillet

En visite à Jérusalem sur l’invitation de l’évêque luthérien Sani Ibrahim Azar, nous découvrons une ville au ralenti. Indice révélateur : la Maison d’Abraham où nous logeons, maison gérée par le Secours catholique français, accueille actuellement… 4 hôtes, pour une capacité de 100 lits, en plein mois de juillet ! Les effets de la guerre de Gaza se font durement ressentir sur le plan économique. Les Israéliens sont évidemment touchés, beaucoup de jeunes étant mobilisés par la guerre, mais plus encore les Palestiniens : on estime à plus de 100 000 ceux qui ont perdu leur emploi par licenciement ou impossibilité de se rendre sur leur lieu de travail en Israël depuis le début de la guerre. Après la crise du Covid, beaucoup sont tombés dans la misère. Le tourisme, une des principales ressources de Jérusalem et de Bethlehem, ne fait plus recette.

L’évêque Sani Azar nous accueille dans les beaux locaux du siège de l’Église luthérienne, contigus à l’église du Rédempteur, elle-même voisine du Saint Sépulcre. L’Église évangélique luthérienne de Jordanie et Terre Sainte (c’est son nom) comprend 6 paroisses, dont une à Amman en Jordanie et 4 écoles. https://www.elcjhl.org/congregations L’évêque nous confie son souci de la pression croissante des juifs ultraorthodoxes, qui voudraient chasser les chrétiens de Jérusalem. Les autorités israéliennes veulent par ailleurs soumettre les Églises à l’impôt foncier, alors qu’elles en étaient exemptées jusque-là en contrepartie des services sanitaires, sociaux et éducatifs qu’elles rendent à la population.

L’évêque nous accompagne chez le patriarche orthodoxe grec Théophile III, au siège somptueux du patriarcat grec, un véritable palais. Le patriarche nous confirme la pression dont les chrétiens font l’objet. Il estime que le but des autorités est d’exproprier les Eglises qui ne seront pas en mesure de payer les très lourds impôts qui seront exigés. Les différentes Eglises sont en effet propriétaires historiques d’importants terrains considérés comme stratégiques par l’Etat. Les 13 confessions chrétiennes reconnues travaillent en communion œcuménique et font front commun pour le maintien de la présence des Eglises chrétiennes. Pour le patriarche Théophile, cette présence chrétienne est justifiée par les lieux saints qui invitent les chrétiens et les pèlerins à la prière. « Notre arme, dit-il, c’est la prière ! ».

L'évêque luthérien Sani Azar, le patriarche orthodoxe grec Theophilus III, Emmanuelle Seyboldt et Christian Albecker

Le ton est assez sensiblement différent du côté du cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem, installé dans un autre palais de la ville… L’analyse du cardinal confirme la polarisation extrême depuis le 7 octobre. « Aucune des guerres précédentes n’a eu un tel impact » nous confie-t-il « Les relations inter religieuses ne seront plus jamais les mêmes, car on ne pourra plus se contenter des échanges de politesses entre éminences religieuses… ». Il fait le constat que si les chrétiens ont été à l’origine de nombreux conflits dans le passé, ils ont réussi à se libérer de la confusion avec le pouvoir politique et peuvent de ce fait avoir un regard distancié sur la réalité d’aujourd’hui, reposant sur la relecture de leur histoire. La possibilité de pardonner et de se réconcilier est selon lui l’ADN des chrétiens, qu’on ne retrouve pas chez les juifs et les musulmans. Nous évoquons l’Autorité Palestinienne, sa faiblesse, les soupçons de corruption, l’absence d’élections depuis 2006. Le cardinal commente : « Si des élections avaient lieu demain en Cisjordanie, le Hamas aurait 80 % des voix… Cette guerre, après 75 ans de conflits, va alimenter la haine et le désir de vengeance pendant des décennies. »

Dans l’immédiat, il estime que l’urgence est d’aider les Palestiniens de Gaza à survivre dans les conditions terribles qui sont les leurs : manque de soins, de nourriture, de moyens de transport (faute d’essence, il reste les ânes pour transporter ce qui est nécessaire). Il a lui-même pu faire une visite à Gaza : sur la dizaine de km parcourus, plus une maison habitable…Mais une des principales demandes concerne les enfants, qui ont besoin de soutien psychologique et surtout de pouvoir retourner à l’école.

L'évêque luthérien Sani Azar, le cardinal catholique Pierbattista Pizzaballa, Emmanuelle Seyboldt et Christian Albecker

L’architecture impressionnante de l’hôpital Augusta Victoria sur le Mont des Oliviers rappelle qu’il s’agit d’un héritage de l’Empire allemand. Inauguré par l’empereur Guillaume II en 1910, il porte le nom de son épouse. Le clocher de l’église protestante allemande de l’Ascension qui s’y trouve constitue une silhouette caractéristique de Jérusalem. Deuxième plus grand hôpital de la ville, il comprend une unité de cancérologie, de néphrologie, de dialyse et un centre pédiatrique. S’il accueille toute personne sans distinction, il constitue le seul hôpital spécialisé restant en Cisjordanie, et accueille donc surtout des Palestiniens. Il bénéficie d’une accréditation internationale de haut niveau en raison de la qualité des soins prodigués. En raison des difficultés récurrentes pour se rendre de la « West Bank » (Cisjordanie) à Jérusalem Est, des bus quotidiens sont organisés et des patients peuvent bénéficier d’une hôtellerie qui leur évite des déplacements quotidiens. Deux camions mobiles font aussi des diagnostics de mammographie et de diabète. Depuis la guerre, aucun patient de la bande de Gaza n’est plus accueilli. Un important équipement a été installé par l’hôpital Augusta Victoria à l’hôpital anglican de Gaza pour le diagnostic primaire du cancer et la chimiothérapie : il devait ouvrir le 10 octobre 2023… Remis en 1950 à la Fédération Luthérienne Mondiale qui le gère et le finance pour l’essentiel, l’hôpital Augusta Victoria se trouve dans un équilibre économique précaire, l’Autorité Palestinienne restant redevable de dizaines de millions d’euros.

L'hôpital Augusta Victoria

Le soir, nous sommes accueillis par René Gutman, ancien grand Rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin (1987-2017) et son épouse Sara, dans un quartier résidentiel de Jérusalem Ouest. René Gutman et son épouse se sont installés à Jérusalem au moment de leur départ à la retraite, mais ils sont souvent en France, à Paris ou Strasbourg, où le rabbin Gutman donne des conférences ou pour retrouver leur famille. René Gutman consacre en particulier sa retraite à traduire des auteurs juifs du Moyen Age ayant écrit en arabe. Il veut montrer par là qu’une cohabitation heureuse entre cultures et religions différentes est possible, comme elle l’a été en Andalousie. Le rabbin Gutman est en effet un inconditionnel du dialogue inter religieux : en 2012, c’est lui qui a prononcé le discours d’inauguration de la Grande Mosquée de Strasbourg, au nom des cultes concordataires catholique, protestant et juif. Il reconnaît que depuis le 7 octobre le dialogue est devenu très difficile, voire impossible, et estime que seul un retour rapide à la paix permettra de sortir de l’impasse actuelle des positions figées par l’excès d’émotion. René Gutman est un sage et un homme de paix. Nous avons été reçus en toute simplicité pour un dîner amical. Mme Gutman, enseignante à la retraite, est bénévole à l’hôpital Hadassa, et ils accueillent leur petite-fille et une amie en formation pour du volontariat dans une ONG. A voir cette paisible famille, les photos de leurs enfants et petits-enfants, on se demande pour quoi il est si difficile de vivre en paix…

Jeudi 18 juillet

Nous nous rendons en taxi à Beit Jala, commune voisine de Bethlehem, où nous sommes accueillis par Simon Awad, directeur d’EEC (Environmental Education Center) à « Abrahams Herberge », centre de rencontre et d’hébergement de l’Eglise luthérienne. Nous sommes très surpris de découvrir ce centre dédié à la défense de l’environnement, créé en 1992 par l’Eglise luthérienne. L’objectif est d’encourager les Palestiniens à préserver les richesses naturelles de leur terre à travers un engagement citoyen non-violent et d’éveiller les consciences à la possibilité d’agir positivement pour la paix. Le public visé est en particulier celui des écoles (les 4 écoles luthériennes et 36 autres écoles publiques), leurs enseignants, les femmes et les étudiants. Le programme comprend à la fois des actions de sensibilisation et de formation (clubs environnementaux, fêtes, colloques, …) et des propositions concrètes (plantations d’arbres pour compenser ceux qui sont arrachés dans les colonies juives, aide aux agriculteurs pour la cueillette des olives, conseils pour la conservation des aliments hors frigo en raison des nombreuses coupures de courant, compostage, réduction de l’usage du plastique, …). Une conférence est prévue en Jordanie sur les effets de la guerre de Gaza sur l’environnement, que Simon qualifie d’écocide (usage de bombes au phosphore, injection d’eau de mer dans le sous-sol, …) plutôt que de génocide. L’engagement pour la justice climatique prend ici un sens inattendu comme contribution à la paix et à la résolution de ce terrible conflit.

Nous sommes ensuite accueillis à l’école luthérienne Dar Al Kalima (DAK) de Bethlehem par le directeur Tony Nassar, Eva Azar responsable du département des écoles luthériennes et la psychologue scolaire de l’établissement. DAK accueille environ 460 élèves de 4 à 18 ans, dont 20 % de chrétiens, avec 38 enseignants et autres personnels. Créée en 2000 près de l’église de la Nativité, c’est la plus récente des écoles luthériennes. Son projet éducatif vise l’éducation globale, l’ouverture au respect de la différence et la formation des cadres. L’enseignement est donné en arabe, anglais et allemand. DAK, comme les autres écoles luthériennes, ne bénéficie d’aucun financement public. Des bourses scolaires sont accordées par des Eglises étrangères. Les Eglises de Suède et des Etats-Unis financent notamment le soutien psychologique. La psychologue scolaire nous confirme la détresse psychologique croissante de nombreux élèves. Souvent en retard aux cours, en raison des contrôles des troupes d’occupation israélienne, ils présentent des troubles divers, notamment ceux qui vivent dans les camps de réfugiés qui font l’objet d’intrusions de nuit par l’armée. La psychologue évoque son difficile travail avec beaucoup de pudeur. Elle pleure doucement… Beaucoup de familles chrétiennes veulent quitter le pays, en raison du climat de peur, par manque de travail (100 000 hommes privés de travail en zone israélienne) et par manque de perspective. Eva Azar redit cependant leur volonté de ne pas abandonner, pour témoigner de l’espérance chrétienne : « Vous êtes la lumière du monde ». Dans la mesure où les circonstances le permettent, une grande fête est organisée annuellement le jour de la Réformation pour l’ensemble des écoles. Des délégations d’élèves ont aussi participé à l’ « ONU des jeunes » qui réunit 600 jeunes du monde entier et au programme « Brass for peace » (les fanfares pour la paix) organisé par les Eglises allemandes. C’est une manière d’élargir l’horizon et de témoigner de la réalité palestinienne.

Avec le directeur du lycée, Tony Nassar, la responsable du département des écoles luthériennes, Eva Azar, et la responsable de l'accompagnement des élèves

Nous rejoignons ensuite l’école luthérienne de la commune voisine de Beit Sahour, où nous accueille le directeur Salem Jaber ainsi que le pasteur Munther Isaac, qui dessert les paroisses de Bethlehem et de Beith Sahour. Munther Isaac a fait entendre la voix palestinienne avec une force particulière dans son sermon de Noël 2023 à Bethlehem, dans lequel il dénonce le génocide de Gaza, le silence complice de l’Occident et la « théologie de l’Empire ». Pour lui, Jésus naîtrait aujourd’hui dans les décombres de Gaza, malgré les violences de l’occupant.

L’école de Beit Sahour, à l’inverse de celle de Beit Jala, accueille 70 % de chrétiens et 30 % de musulmans, soit 460 élèves avec 44 personnels. Créée en 1901, elle est soutenue par les Eglises de Finlande et de Grande Bretagne. Comme les autres écoles luthériennes, elle préconise une éducation globale, incluant la dimension culturelle et sociale, avec notamment une importante activité scoute.

Vendredi 19 juillet

Autre surprise de notre voyage, nous rencontrons au siège de l’Église Ranab Abu Shanab, responsable de la justice de genre pour son Église. Militante active de la cause palestinienne, elle dénonce les contrôles et pressions incessants, et des réalités comme la cour militaire pour enfants, unique au monde. Les chrétiens d’Israël-Palestine ne représentent que 1,5 % de la population, en constante diminution. L’Église luthérienne se caractérise par son insistance sur l’éducation et veut être exemplaire pour ce qui concerne la place des femmes et le droit des familles. Historiquement, les minorités religieuses reconnues peuvent fixer leurs propres règles en matière de droit de la famille (mariage, divorce, héritage, …), souvent héritées d’une tradition patriarcale séculaire. Le mariage civil n’existe pas, et il n’est pas possible d’épouser un membre d’une autre communauté religieuse. Le divorce est long et difficile, facilité par une « conversion » à l’islam. Le travail d’un groupe de femmes luthériennes a abouti à une première demande de réforme auprès de l’évêque, refusée par le conseil. Un travail théologique de 3 ans piloté par Munther Isaac a conduit en 2015 à une réforme adoptée à l’unanimité. Un travail important est mené sur ces sujets avec les écoles, ainsi qu’avec le département jeunesse et environnement.

 

Madame Ranan Abu Shanab

Livre à destination des paroisses luthériennes pour expliquer l’égalité entre hommes et femmes à travers les Écritures

Bassem Thabet, le secrétaire général de l’Église, est un grand homme sportif qui enseigne le Taï chi à des chrétiens, des juifs et des musulmans. Pour lui, cette pratique est exemplaire de la manière dont il comprend le rôle de son Église comme pont entre musulmans et juifs. Il est persuadé qu’Israéliens et Palestiniens peuvent vivre ensemble, si la volonté politique existe. Il est très sévère par rapport aux allemands, aveuglés par leur responsabilité durant la période nazie. Ses deux fils de 12 et 14 ans voudraient émigrer. Ils habitent à 10 mn de l’école, mais mettent 1h en voiture, en raison du voisinage d’une colonie juive. La peur est permanente : il y a quelques temps, un garçon de 12 ans a été aspergé d’essence et brûlé. Il tient à rester car les Palestiniens n’ont plus rien à perdre. Il estime que les chrétiens palestiniens doivent être « sel de la terre », ce sel qui conserve la société. A titre personnel, il a créé une association pour favoriser la création de « petits jobs », car il est important de « faire quelque chose » pour susciter l’espoir. L’association peut accorder jusqu’à 3000 USD par projet, dans des domaines comme l’artisanat, la cosmétique, la communication ou l’informatique. Il conclut par cette belle et émouvante image : « La meilleure huile d’olive vient sous la pression ».

Nous rencontrons pour terminer une délégation d’EAPPI, menée par Iskandar Majlaton, coordinateur du programme, Georges Sahmar, collaborateur jérusalémite et deux AO (accompagnatrices œcuméniques) bénévoles irlandaises. Le programme EAPPI (Ecumenical Acompaniement Program in Palestine Israël) a été créé en 2002 par le Conseil Œcuménique des Églises, en réponse à un appel des Églises demandant une présence internationale. Il pratique une impartialité de principe par rapport au conflit, mais n’est pas neutre par rapport aux droits humains et au droit humanitaire international. Les AO venant de 150 pays collectent des témoignages sur les violations des droits humains, le harcèlement, … et les renvoient à l’ONU et au HCR. EAPPI travaille avec des organisations israéliennes pour les droits humains. Les témoignages se font notamment à travers des récits et des images, comme celui de cette mariée qui pose sur les ruines de sa maison détruite quelques jours auparavant. EAPPI observe également les évolutions et constate que les violences augmentent fortement dans les colonies, notamment les démolitions. Une nouvelle pratique consiste à couler du béton dans les maisons, ce qui les rend inutilisables, mais elles ne figurent pas dans les statistiques des démolitions… La question de l’eau devient également de plus en plus cruciale : les colonies juives détournent les waddi qui alimentent quelquefois leurs piscines, alors que les Palestiniens sont obligés d’acheter leur eau.

Les deux volontaires irlandaises ne souhaitent pas être prises en photo, pour des raisons de sécurité. En se rendant à notre rendez-vous, l’une d’elle a assisté à une scène de plus en plus courante : un Palestinien musulman se rendant à la mosquée (nous sommes vendredi) avec son fils a été plaqué contre un mur par des soldats israéliens qui lui ont donné des coups de pied dans l’entre-jambes. Les AO ont le sentiment que les militaires se sentent désormais tout permis et n’ont plus de limites. Les AO s’engagent pour 3 mois : des volontaires français (il y en a déjà eu un certain nombre !) sont les bienvenus !

Église luthérienne du Rédempteur

Conclusion

Un voyage de 4 jours est bien court pour juger d’une situation. Il nous aura néanmoins permis de prendre la mesure d’un contexte d’une complexité et d’une violence extrême. La « guerre de Gaza » n’entrait bien sûr pas dans le cadre de notre visite. Ses protagonistes auront à répondre devant l’histoire, si ce n’est devant les tribunaux internationaux, de son caractère démesuré. Tout au plus peut-on dire, sans être expert, que ce n’est pas la dernière explosion de violence, puisque Israël, la puissance occupante, n’a actuellement aucun projet de paix, la Knesset ayant même voté le 18 juillet dernier une résolution contre la création d’un État palestinien.

La visite de Jérusalem Est et d’une partie de la Cisjordanie nous aura permis de découvrir une composante de la société palestinienne, les chrétiens luthériens, d’un courage et d’un engagement exemplaire pour une cohabitation pacifique. Cette petite Église se veut sel de la terre et lumière du monde, et nous pouvons témoigner qu’elle l’est, à travers les actions exemplaires qu’elle mène pour former les femmes et les enfants, éduquer à la paix et à la résolution de conflits, pour donner aux jeunes de l’espoir dans une situation qui semble sans issue. Si la violence terroriste ne peut en aucun cas être justifiée, elle est malheureusement l’expression d’un désespoir qui a affecté 3 générations successives de Palestiniens, depuis l’expulsion de leurs terres de 1948 (la Naqba), la guerre d’occupation de 1967 et les intifadas qui se sont succédé pour culminer dans l’horreur du conflit actuel. Israël a bien sûr droit à l’existence dans des frontières sûres, mais pas au prix d’une violation permanente du droit international et du droit humanitaire. Dire cela, c’est croire que la conscience juive inspirera la politique israélienne pour triompher du recours exclusif à la force, qui est une illusion sans perspective.

Notre Église sœur a besoin de notre soutien moral et matériel. De nombreux projets méritent de recevoir notre aide financière, mais il nous a été clairement redit à plusieurs reprises que le soutien essentiel que nous pouvons leur apporter est celui de notre témoignage de solidarité : le sentiment d’être oubliés de tous, de voir la cause palestinienne assimilée systématiquement au terrorisme est difficile pour eux. Notre visite a été appréciée comme un geste essentiel dans ce sens. « Ne nous oubliez pas, venez nous voir ! » est sans doute l’essentiel du message qu’ils nous ont laissé.

Christian Albecker

Crédit photos : ELCJHL – Evangelical Lutherish Church in Jordanie and Holy Land