La journée dédiée aux terres d’Églises organisée par la Commission des affaires sociales, politiques et économiques (CASPE) de l’UEPAL s’est déroulée le 12 avril 2024 à Hoerdt. Elle a permis de réunir 110 participants. La CASPE a organisé cette journée pour sensibiliser aux questions du réchauffement climatique et de l’effondrement de la biodiversité, en recherchant des pistes d’actions pour mobiliser les gestionnaires, les propriétaires, les consistoires, les fabriques, les paroisses et les paroissiens dans la lutte pour le vivant. Les objectifs de la journée étaient d’informer, d’échanger sur les bonnes pratiques, de réfléchir et de proposer.
Dans cet article, nous reprenons l’intervention de Marion-Jacques Bergthold, président de RCF Alsace, avec la synthèse de la journée et les perspectives qu’elle ouvre pour notre Union d’Églises.
Synthèse et perspectives d’avenir
« Au commencement Dieu créa le ciel et la terre » merci à Christian Albecker, président de l’UEPAL, de nous l’avoir rappelé en introduction de la journée.
En tant qu’être humain, nous avons une responsabilité à la fois globale, locale et individuelle quant à la manière d’agir dans notre quotidien et de concevoir notre mode de vie avec le souci de la préservation de notre planète.
Cette responsabilité est d’autant plus grande en tant que chrétien et en tant qu’Église.
Nous sommes invités à respecter, partager les richesses que nous offre notre terre car c’est un trésor et un héritage. Ce respect de la création a aussi été soulevé avec force par le maraîcher bio Dany Schmitt.
Nous avons entendu cet appel à nous engager, à prendre soin de la terre, c’est aussi une attitude d’espérance mais surtout un chemin de vie pour nous et nos générations à venir.
Espérance et vie sont indissociables du chrétien sachons aussi les décliner vis-à-vis de notre terre nourricière.
Merci au pasteur Jean-Sébastien Ingrand de nous avoir rappelé les enjeux de solidarité et aussi d’espérance et nous inviter à l’action.
De la présentation riche et passionnante de Marc Dufumier, agronome et enseignant-chercheur, on peut relever avant tout son militantisme positif, son enthousiasme et la qualité de son engagement pour une terre nourricière.
Trois points sont à souligner :
- Un message d’espérance avec une bonne nouvelle : la terre peut produire suffisamment de ressources alimentaires pour nourrir la population et même les 10 milliards d’habitants à l’horizon 2050.
- Certes le contexte est difficile voir pour certains angoissant : réchauffement et dérèglement climatiques, hyper mondialisation des échanges, raréfactions de certaines ressources naturelles ;
- Marc Dufumier nous mobilise et nous invite avec force à une triple conversion pour mieux vivre demain voir pour survivre :
- Conversion à l’agroécologie : utilisation des ressources qui nous sont données gratuitement : soleil, vent, cycles de la nature, azote de l’air, …pour revoir la nature de nos cultures et leur impact sur l’être humain, la faune et la flore.
- Conversion de la profession agricole afin de viser un revenu décent et éviter de vivre d’aides et de subventions. Il faut accompagner les jeunes à s’installer en leur donnant un avenir et valoriser le métier de paysan ;
- Conversion des esprits et des mentalités : conduire des actions d’information, de sensibilisation et d’éducation notamment dans les établissements d’enseignement. À ce sujet, l’Église a un rôle.
Il faut affirmer et partager notre volonté de manger sainement et être conscient de l’impact sur notre santé et notre espérance de vie.
Ce témoignage de Marc Dufumier est un message fort et il convient de lui exprimer notre reconnaissance de le porter dans notre société.
L’UEPAL, à travers les actions du Chapitre de Saint-Thomas, est engagée pour la gestion de ses terres dans une véritable démarche de développement durable.
- Gestion responsable des 1 668 ha de terres agricoles
- Dialogue avec les fermiers
- Concertation avec les instances et notamment la SAFER.
Des critères ont été définis afin de viser une agriculture responsable et il convient de saluer cet engagement pour le bien de notre « patrimoine agricole » alsacien.
Il convient de relever positivement le travail du Chapitre, structure qui date du Moyen-Âge et qui se positionne aussi au service des paroisses et de l’Église pour les assister dans la gestion de leur patrimoine immobilier et foncier.
Notre reconnaissance va aussi aux services de l’UEPAL pour le travail de recensement des terres engagées auprès des paroisses en vue de partager leur responsabilité dans la gestion de leurs terres avec des pistes d’actions concrètes.
Quel beau souffle reçu grâce aux trois témoignages : Corinne Bloch, Claude Siegwalt et la Ferme Saint André à Cernay.
Il faut relever que les exemples de Walbourg et de Cernay sont issus de communautés religieuses.
L’exemple de la ferme d’Ernest Hoeffel et de Corinne Bloch est impressionnant à un triple titre :
- Impressionnant quant à l’exploitation d’une filière bovine d’excellence de charolais avec une reconnaissance au plan national ;
- Impressionnant sur la reconversion progressive des terres ;
- Impressionnant sur les changements opérés dans les cultures en revenant à des semences anciennes : épeautre, méteil, …
Cet exemple mérite des félicitations et des encouragements, à partager largement cette expérience réussie notamment auprès des jeunes agriculteurs qui souhaitent s’installer et plus largement auprès du monde agricole.
Les paroisses peuvent aussi prendre des initiatives ce qu’a montré M. Siegwalt à propose des terres de la paroisse de Boofzheim. Les 10 ha de cette communauté paroissiale font l’objet, par étapes, de reconversion pour y faire vivre la biodiversité de la faune et de la flore. Cette action a pris la forme d’une plantation de 300 m de haies d’arbres. Certes, il faut de la persévérance mais les résultats pour faire vivre la terre différemment sont au rendez-vous. C’est aussi un appel aux paroisses propriétaires à oser faire des pas en direction d’une terre plus responsable.
La Ferme Saint André est également une belle leçon de transformation et d’intégration dans un environnement ecclésial avec l’Institut Saint André. Il convient de saluer le travail des porteurs de cette initiative conduite aussi grâce à des partenariats institutionnels français et européens.
Saluons aussi l’action de l’organisation « Terre de Liens » qui impulse une dynamique associative et citoyenne qui permet d’acquérir des terres agricoles, d’installer une nouvelle génération paysanne sur des fermes d’agriculture biologique.
À travers l’accompagnement de projets, l’édition de guides, cette association prend à bras le corps la problématique d’une agriculture responsable et durable ; c’est aussi une instance de dialogue et de service qu’il convient de mieux connaitre.
La table-ronde de la journée a été d’une grande richesse à travers les différents témoignages d’initiatives pour faire progresser la prise de conscience de la nécessité d’une agriculture durable pour les générations à venir.
En conclusion, il nous faut tracer quelques perspectives :
- En tant que consommateur, soyons attentifs à ce qu’on mange, comment nous consommons les aliments. Comme le soulignait le pasteur Ingrand faisons de la pédagogie ;
- Vis-à-vis du monde agricole soyons audacieux pour présenter et expliquer les enjeux d’une agriculture durable et responsable, soyons là aussi pédagogue pour gommer les méfiances de la profession agricole.
- En direction des paroisses, les sensibiliser et les encourager à avoir un regard différent sur la gestion de leur patrimoine foncier et analyser les offres de service du Chapitre de Saint-Thomas dans ce domaine.
- En direction de l’UEPAL, s’appuyer d’abord sur les travaux à venir de la CASPE pour prendre des initiatives en direction d’une agriculture plus durable puis témoigner à travers des débats, des prises de parole sur le sujet de la gestion responsable de notre création. Participer activement en tant qu’Église à la sensibilisation de ces sujets si cruciaux pour l’avenir de notre bien vivre ensemble.
RCF Alsace, Radio Chrétienne Francophone portée par les Églises catholiques et protestantes en Alsace a vocation également à participer au travers de ses émissions régionales au débat visant une agriculture durable.
Partageons la conviction que travailler la terre est un métier noble ; prendre soin de la création est une responsabilité en tant que chrétien pour nous et nos générations futures.
Marion-Jacques Bergthold, président de RCF Alsace