L’Église protestante réformée d’Alsace et de Lorraine (EPRAL) s’est réunie en Synode à Altwiller ce samedi 15 juin. Autour de la trentaine de délégués, ce sont près de 70 représentants des paroisses, pasteurs et laïcs, qui ont consacré leur journée à réfléchir et travailler le thème des attentes religieuses.
Dans le contexte des profondes mutations culturelles que vit la société occidentale, notamment la sécularisation, alors que les structures paroissiales traditionnelles se fragilisent, et qu’une quête spirituelle inédite se manifeste d’une manière de plus en plus évidente, il s’agissait de mettre à profit la démarche synodale qui permet de se mobiliser collectivement autour d’un même questionnement et d’un même travail. L’enjeu était de mieux se mettre à l’écoute des attentes religieuses et spirituelles contemporaines et de se laisser interpeller par ces quêtes qui ne s’adressent plus aux milieux ecclésiaux classiques. Il s’agissait d’entrer dans une logique d’écoute pour faire place à l’altérité de nos contemporains.
Trois objectifs ont présidé au travail :
- Se mettre collectivement, en Église, à l’écoute des attentes religieuses de nos contemporains, notamment celles que l’on peut identifier chez les personnes indifférentes, distancées, en marge de la vie ecclésiale ;
- Devenir collectivement, à travers une démarche synodale, acteurs d’une enquête sur ces attentes et ainsi développer notre attention à ce public et se former à prendre part au projet d’évangélisation d’une Église qui se veut missionnaire ;
- Se laisser interroger par ces attentes dans les réflexions théologiques, les engagements ecclésiaux et les projets paroissiaux.
Lors de ce Synode, plusieurs intervenants ont contribué à la réflexion.
Bernard Maufras, dressant une analyse systémique, a brossé un parallèle entre l’évolution de l’humanité et celle d’un être humain et présenté différents stades d’évolution. Si l’enfance est un âge clanique où le collectif guide les individus, l’adolescence est marquée par un processus d’individuation et la remise en cause de toute injonction, tandis que l’âge adulte évolue vers une connectivité, le partage. Et d’évoquer l’idée pour l’Église de s’interfacer avec les attentes religieuses contemporaines sans pour autant modifier son ADN, en partageant avec d’autres ce qu’on veut être dans le monde.
En se plaçant du côté d’une analyse pastorale, le pasteur Rudi Popp, a mis en perspectives l’étude réalisée par l’institut Sinus en Allemagne, croisant milieu social et choix de vie personnels, et les travaux des paroisses. Restituant l’identification de 10 milieux, l’assemblée a discuté l’intérêt de projets de paroisses profilés et l’enjeu d’offrir en Église un espace de rencontre transversal, ouvert à tous les milieux.
Enfin, le Professeur Felix Moser, a esquissé « les attentes de Dieu dans une culture d’immédiateté ». Après avoir précisé l’ambiguïté des attentes envers l’Église dans une culture d’immédiateté, et que la démarche théologique se situe dans la réponse et non dans la demande de consommateurs exigeants, il a développé l’idée qu’être « lettre de Christ » implique d’aviver le désir de la rencontre. Et si dépasser le relativisme suppose la construction réciproque de la considération, il s’agit d’accepter de se frotter aux autres, si différents soient-ils, et d’accepter sa propre vulnérabilité, pour faire place à une relation de confiance, d’affection, de tendresse.
Dans son message au Synode, le président Christian Krieger thématisait une stimulante distinction entre attentes religieuses et attentes spirituelles.
L’Église protestante réformée d’Alsace et de Lorraine (EPRAL) constitue, avec l’Église protestante de la confession d’Augsbourg d’Alsace et de Lorraine (EPCAAL,) l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (UEPAL). Elle est issue de la pensée du réformateur Jean Calvin. Si l’Église réformée est minoritaire en Alsace et en Moselle, elle reste l’Église protestante la plus répandue dans le reste de la France. Son Synode rassemble une trentaine de délégués, pasteurs et laïcs, une fois par an.