Le Consistoire supérieur de l’EPCAAL s’est réuni le samedi 20 mars 2021 pour sa 3e réunion en visioconférence. La dernière réunion en présentiel avait eu lieu en avril 2019 à Munster. La communication numérique constitue à la fois un rétrécissement, puisque nous restons limités à nos écrans, et un élargissement, car nous pouvons rencontrer le monde entier. C’est cette possibilité qu’a choisie le Consistoire supérieur en invitant l’archevêque luthérienne d’Uppsala Antje Jackelén, primat de Suède.
Tous bousculés par la pandémie :
comme le prophète Elie “Que faisons-nous ici ?”
Le message introductif du Président Christian Albecker avait été transmis au préalable aux membres du Consistoire supérieur, sous forme d’enregistrement vidéo et de texte écrit (voir ci-dessous). A partir du récit de la rencontre du prophète Elie avec Dieu au Mont Horeb (I Rois 19, 11-13), le Président s’est interrogé sur la parole que Dieu nous adresse aujourd’hui. Ce Dieu qui n’est pas dans la tempête, le tremblement de terre ou le feu des catastrophes de ce monde, mais dans le murmure d’une question : « Que fais-tu ici ? ». La pandémie nous bouscule par ses conséquences économiques, sociales, psychologiques et spirituelles, tout particulièrement pour les jeunes, par les enjeux écologiques qu’elle révèle et par les libertés fondamentales qu’elle remet en cause. Sur tous ces enjeux, Dieu nous interpelle : « Que fais-tu, que faites-vous ? »
La “laïcité” à la suédoise
Après un débat sur ce message, le Consistoire supérieur a accueilli l’archevêque Jackelén, qui s’est exprimée en anglais, avec traduction simultanée en français. L’Eglise de Suède est passée à la Réforme luthérienne au 16e siècle, par décision du roi Gustave Vasa, et a gardé de l’ancienne Eglise son vocabulaire et ses expressions liturgiques. Elle a cessé en 2000 d’être Eglise d’Etat, et vit des contributions de ses membres et des revenus de son patrimoine, notamment forestier. Antje Jackelén est la 3e femme évêque de son Eglise, et la première archevêque. Elle a accueilli le 31 octobre 2016 le Pape François en la cathédrale de Lund pour l’ouverture des 500 ans de la Réforme, en présence de l’évêque palestinien Munib Yunan, alors président de la Fédération Luthérienne Mondiale. L’Eglise luthérienne, organisée en 13 diocèses, regroupe 56 % de la population suédoise. Cette société qui avait la réputation d’être homogène sur le plan religieux et culturel est devenue multiculturelle et multireligieuse. Le défi majeur pour l’Eglise est aujourd’hui, selon l’archevêque Jackelén, celui de l’éducation et de la place de la religion dans la société suédoise : si la France est aux prises avec la question de la laïcité, la Suède est tentée de marginaliser la religion au nom de la neutralité. La pandémie a cependant permis un renouveau de la reconnaissance sociale et politique de l’Eglise de Suède.
Malgré les différences historiques et culturelles entre nos Eglises, les problématiques et les défis sont étonnamment semblables : la pandémie (étymologiquement « tous les peuples ») nous aura permis de prendre conscience de notre proximité et de notre communion dans le Christ !