Thème de la réflexion : Théologie et Spiritualité

Pâques 2022 !

Le mystère pascal du Christ nous emmène au cœur de l'injustice et de la violence dont l’humain est capable, de la souffrance qu’il peut endurer.

Le récit de la passion et de la mort du Christ fait écho à la souffrance humaine, aux drames et aux tragédies vécues dans de nombreuses parties de notre monde, notamment par nos sœurs et nos frères Ukrainiens, dans leur propre pays et partout où les routes de l’exil les ont menés. Nous ne pouvons en 2022 faire mémoire de la passion du Christ sans dire combien nous sommes consternés par la résurgence sur le sol européen du tragique de la guerre, par cette agression militaire effroyable, qui brise tant de vies, qui produit tant de souffrances, qui jette des millions d’enfants et de femmes sur les routes de l’exil, les enfermant dans cette insoutenable incertitude du devenir de leurs maris, de leurs pères ou de leurs fils, restés défendre la liberté de leur pays. Notre présent s’écrit avec l’encre de l’effroi que produisent ces insoutenables actes de barbarie qui ébranlent notre humanité et questionnent nos certitudes.

Toutefois, l’Évangile de Pâques nous amène à considérer l’intervention de Dieu dans notre monde, ce monde qu’il a tant aimé à donner son fils unique (Jn 3,16) ; et à méditer ce récit où Dieu transforme la violence et l’injustice en évangile de Pâques, en souffle d’espérance offrant la perspective d’une vie comblée de justice et de paix. Alors, face à notre finitude, devant les impasses que semblent écrire le mal et la haine en ce monde, vis-à-vis de tout sentiment de fatalité et de désespoir, tournons notre regard vers celui qui en Christ écrit l’horizon de sa grâce, et vient offrir à tout être humain la vie comblée à laquelle il est destiné. Ainsi, dans le Christ, Dieu rejoint notre humanité, prenant sur lui nos limites et notre haine, transformant nos impasses, nos indignations, nos sentiments de fatalité et de désespoir en espérance par la confiance en lui.

Nous ne sommes pas les premiers à traverser une période difficile et éprouvante. L’une des interprétations les plus fortes des expériences de la Seconde Guerre mondiale nous vient du pasteur Dietrich Bonhoeffer, théologien et résistant, qui a été assassiné le 6 avril 1945, alors que la défaite de l’Allemagne était déjà scellée. Plus de deux ans auparavant, il avait écrit quelques réflexions sur son présent pour un petit cercle d’amis de confiance, compagnons de la résistance contre le régime hitlérien. L’une de ces brèves réflexions contient ce qui a été appelé plus tard « le credo de Dietrich Bonhoeffer ». Un texte qu’il est bon de méditer dans l’épreuve.

Je crois que Dieu peut et veut faire naître le bien à partir de tout, même du mal extrême. Aussi a-t-Il besoin d’hommes [et de femmes] pour lesquels « toutes choses concourent au bien ».

Je crois que Dieu veut nous donner, chaque fois que nous nous trouvons dans une situation difficile, la force de résistance dont nous avons besoin. Mais Il ne la donne pas d’avance, afin que nous ne comptions pas sur nous-mêmes, mais sur Lui seul. Dans cette certitude, toute peur de l’avenir devrait être surmontée.

Je crois que nos fautes et nos erreurs ne sont pas vaines et qu’il n’est pas plus difficile à Dieu d’en venir à bout que de nos prétendues bonnes actions.

Je crois que Dieu n’est pas une fatalité en dehors du temps, mais qu’Il attend nos prières sincères et nos actions responsables et qu’Il y répond.

C’est pourquoi face à l’horreur et à la tragédie des guerres dans ce monde, face à tant de souffrances et de violence provoquées par la haine et l’avidité, continuons à proclamer le message qui tourne notre regard vers le Christ ressuscité, cœur de notre foi et source de l’espérance chrétienne ! Continuons à croire en cet horizon universel que la grâce de Dieu, manifestée dans le Christ, découvre devant nos yeux ! Continuons à rendre grâce et à bénir toutes celles et tous ceux qui, où qu’ils soient, et quels qu’ils soient, offrent soutien et solidarité à ceux qui sont dans le besoin, partageant ainsi des signes d’humanité en témoins d’espérance. Continuons à prier et à œuvrer pour la justice, la réconciliation et la paix entre les peuples, les cultures et les nations !

Christian Krieger

©Canva

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