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L'auteur Isabelle GERBER

Pasteure, présidente de l'Église protestante de la Confession d'Augsbourg d'Alsace et de Lorraine

Thème de la réflexion :

Miracles d’automne

"L’espérance c’est la foi en un demain lorsque le présent ne dit que souffrance et impasse."

Rares sont les personnes qui aiment l’automne. Pourtant l’automne offre une palette de couleurs, d’odeurs, c’est le temps de la récolte et des fruits mûrs. On rétorquera avec raison que l’automne est aussi l’époque des premiers frissons, des vents incontrôlés et de la pourriture. Une fois encore, tout est question de regard. 

Le conflit du Proche-Orient, la guerre en Ukraine s’éternisent et chaque jour charrie son lot de victimes. Nous avons cru un temps, que le choix des Français de voir les partis s’unir autour d’un projet commun, pour répondre aux urgences climatiques, démocratiques et sociétales allait s’incarner dans un pacte national multicolore. Hélas. Tout semble gâté d’avance. 

Dans tous ces échecs et drames, comment l’Eglise peut-elle porter, encore et toujours, un message d’espérance ? En refusant d’abandonner, en cultivant l’étonnement. Je veux croire que le procès de Mazan, où comparaissent des dizaines d’hommes, au profil banal, permettra, au milieu de la pourriture et des odeurs nauséabondes du récit de viols répétés sur une femme-objet offerte à la virilité, de faire naître un autre type de masculinité.  Jésus nous a montré la voie. Il n’a méprisé aucune femme, aucun homme se trouvant sur sa route.  Il n’a eu de cesse de guérir, relever, ressusciter. 

L’espérance est là. Cachée. Loin des regards. Elle naît, dans la boue, dans le trouble et la détresse. Elle est un fruit mûr, surgi de nos fatigues, elle dit que le cœur attend. Dans l’enfer de Gaza, dans l’enfer du viol, envers et contre tout, des gens prient, des gens espèrent. L’espérance c’est la foi en un demain lorsque le présent ne dit que souffrance et impasse. 

Quand en Union, on pose les bases d’une coprésidence au service du témoignage commun, quand les paroisses envisagent de travailler sereinement malgré les manques, quand la précarité nous reconduit au centre de notre mission d’Eglise, sans fracas se déroulent sous nos yeux de petits miracles d’automne. 

« Die Blätter fallen, fallen wie von weit,
als welkten in den Himmeln ferne Gärten;
sie fallen mit verneinender Gebärde. 

Und in den Nächten fällt die schwere Erde
aus allen Sternen in die Einsamkeit. 

Wir alle fallen. Diese Hand da fällt.
Und sieh dir andre an: es ist in allen. 

Und doch ist Einer, welcher dieses Fallen
unendlich sanft in seinen Händen hält. 

Rainer Maria Rilke 

Les feuilles tombent, tombent comme de loin,
comme si dans les ciels, s’effeuillaient des jardins ;
elles tombent, tel un geste qui nie.
Et dans les nuits la lourde terre tombe
de tous les astres dans la solitude.
Tous, nous tombons. Cette main tombe.
Et vois les autres : cette chute est en toutes.
Il en est Un qui néanmoins,
avec une infinie douceur
tient cette chute dans ses mains. 

Rainer Maria Rilke 

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