Thème de la réflexion : Éthique, Théologie et Spiritualité

L’amour du Christ mène le monde à la réconciliation et à l’unité

Un écho au mot d’ordre de l’Assemblée générale du Conseil Œcuménique des Églises (COE) qui se tiendra à la fin de l'été à Karlsruhe.

Avec cette thématique, plus de 352 Églises, originaires de plus de 120 pays et représentant plus de 580 millions de chrétiens de par le monde, vont s’ouvrir au questionnement quant à la place du Christ dans leur choix ecclésiaux, et notamment là où elles peinent à réconcilier et unir.  

Nul doute que l’agression militaire et les horreurs de la guerre perpétrées en Ukraine seront dans tous les esprits. La délégation du Patriarcat de Moscou, dont le patriarche soutient ouvertement l’idéologie Russkiy mir et la guerre de Poutine en Ukraine, sera l’objet de fortes pressions. N’observe-t-on pas déjà que le monde des Églises craque, que l’agression russe en Ukraine continue de susciter des déflagrations dans le monde orthodoxe, y compris au sein de l’Église de Kiev directement liée à la Russie ? En effet, le vendredi 27 mai dernier, le synode de l’Église orthodoxe ukrainienne, relevant de Moscou, a affirmé sa « pleine indépendance et autonomie ». Par cette décision, cette Église certes Ukrainienne, mais d’identité russe, dont la position devenait intenable, lance un ballon d’essai pour tester la recevabilité dans le monde orthodoxe d’une pleine émancipation de Moscou.  

Souvent, voire généralement, nous parlons de réconciliation et de paix quand sévit la division, s’exprime la haine, continuent de suinter les blessures. Les délégués du COE réunis à Karlsruhe auront-il l’occasion de considérer des exemples de réconciliation effective ? Une possibilité leur sera donnée durant la journée dédiée à l’Europe. En effet, cette dernière fera valoir la contribution des Églises (notamment celle de la Conférence des Églises Européennes, mais aussi sur le plan régional, celle de la Conférence des Églises riveraines du Rhin), à la réconciliation européenne et à la constitution de cet espace de paix et de liberté que constitue le projet d’intégration européenne.  

Un autre exemple positif pourrait être le projet, qui s’est mis en place ce printemps à Lyon, de ministère pastoral partagé* dédié à l’évangélisation, ministère qui est porté par une communauté de l’Église Protestante Unie et une paroisse anglicane dans le cadre des Accords de Reuilly**. Tout le monde convient aujourd’hui de la nécessité vocationnelle de l’Église à évangéliser. Rares sont les lieux où se met en place un projet d’évangélisation commun à deux traditions confessionnelles, et indépendamment de l’intérêt que l’un ou l’autre pourrait en retirer. Un projet dédié avant tout à l’Évangile et à l’Église de Jésus. Ces Accords de Reuilly ont été rendus possibles, comme en son temps la Concorde de Leuenberg réconciliant luthériens et réformés en Europe, parce que des familles ecclésiales ont d’abord su regarder au Christ, à son œuvre de paix et de réconciliation pour le monde, et ensuite discerner la présence des fruits de cette œuvre du Christ chez l’autre. Ce double mouvement de contemplation du Christ et de discernement chez l’autre, nourrit un souffle d’unité, où ce qui différencie n’a plus de portée séparatrice, ni n’alimente de haine. Ainsi, l’amour du Christ mène à la réconciliation et à l’unité.  

* Une expérience similaire devrait voir le jour à Strasbourg avec les paroisses de Saint Alban et Saint Pierre le Jeune.   

** Les Accords de Reuilly ont été signés en 2001 entre les Églises Anglicanes du Royaume Uni et les Églises luthéro-réformées françaises. Ils énoncent une communion ecclésiale entre ces Églises. Seul subsiste un désaccord sur l’importance ecclésiologique de l’épiscopè personnelle (supervision spirituelle), qui empêche d’obtenir une pleine interchangeabilité des ministères.  

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ÉthiqueThéologie et Spiritualité Julien PETITIl y a 2 ans