1 avril 2021

Message œcuménique de Pâques

Signé par Mgr Ravel et Christian Albecker

Qui aurait cru il y a un an, alors que nous étions dans la sidération de cette pandémie nous interdisant, pour la première fois depuis des siècles, de fêter Pâques en nous rassemblant pour célébrer le Christ ressuscité, que nous serions encore en pleine crise un an plus tard ? Si le vaccin mis au point en un temps record nous fait entrevoir la sortie du tunnel, la maladie frappe maintenant les générations plus jeunes, et la vie économique, sociale et culturelle de nos sociétés européennes est durablement affectée. Ayant le privilège de pouvoir célébrer nos offices même dans des conditions très restrictives, nous ne pouvons qu’être solidaires avec tous les responsables de lieux culturels et leurs publics, privés des possibilités de rencontres constitutives du lien social.

Dans ce contexte, que nous dit le message de Pâques, centre et fondement de la foi chrétienne ? Le mot grec « anastasis » utilisé pour la résurrection dans les Évangiles ne désigne pas un phénomène mystérieux de revivification, c’est un mot de la vie courante qui signifie « se lever, se dresser » : Jésus s’est levé d’entre les morts. Il s’agit donc d’un mot qui décrit non pas un état, mais un mouvement, une dynamique. Là où les disciples pensaient que tout était terminé, que la mort de leur maître fermait tout avenir autre que la succession monotone des jours, Jésus a traversé le mur qui nous barrait l’accès à la vie en plénitude : la mort est morte, et c’est à la croix, qui semble un échec à vues humaines, que cette victoire a été remportée.

L’évangéliste Jean parle de l’élévation sur la croix, qui est comme une échelle dressée entre la terre et le ciel. Le Verbe de Dieu s’est abaissé jusqu’à nous, dans notre humanité, nos souffrances et notre mort, et il a été relevé par sa résurrection pour nous donner accès au Père : désormais ce ne sont plus nos mérites, ni nos performances, fussent-elles religieuses, qui nous donnent accès au salut, à la vie en plénitude, mais l’arbre de vie dressé entre la terre et le ciel, qui nous invite à l’amour et à la confiance dans le Christ.

Nous relever : c’est ce que nous sommes appelés à faire chaque jour, pour triompher de tout ce qui veut nous maintenir à terre, deuil, maladie, échecs, violence, désespoir. Nous relever : c’est ce à quoi nous sommes appelés collectivement, dans notre vie économique, sociale et culturelle, en sachant qu’il y a toujours un avenir dans la foi et dans l’amour du Christ qui nous dit « Je suis le chemin, la vérité et la vie ». La mort est morte, vive la vie !

Joyeuses Pâques à toutes et à tous !

 

Christian ALBECKER, président de l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine

Monseigneur Luc RAVEL, archevêque de Strasbourg

 

Photo : nitish-meena-61644 / Unsplash