La colère divine manifestée lors du Jugement dernier est gravée dans la liturgie catholique de la messe des morts. Elle a excité l’imagination créatrice de nombreux compositeurs. WA. Mozart, dans son Requiem composé au soir de sa vie et resté inachevé, exprime une religiosité plutôt puérile et craintive. Il n’en reste pas moins que l’œuvre présente des moments extraordinaires où texte et musique se rencontrent dans une étonnante synergie.
En témoigne le Confutatis, vers la fin de la séquence du Dies Irae : une basse roulante reproduit le ronflement dantesque des flammes qui vont engloutir les maudits, décrits par les voix graves du chœur.
Les voix aigües répondent par une prière presque murmurée et d’une douceur infinie « appelle-moi avec ceux que tu as bénis », comme une main tendue. La simplicité des deux voix conjointes et l’accompagnement réduit à un unisson de cordes sur un rythme joyeux impriment à ce passage une émotion intense.
Ensemble Arsys Bourgogne, dir. Pierre Cao
Confutatis maledictis, flammis acribus addictis. Voca me cum benedictis.
Oro supplex et acclinis, cor contritum quasi cinis : gere curam mei finis.
Après avoir confondu les maudits et leur avoir assigné le feu cruel,
appelle-moi avec ceux que tu as bénis.
Suppliant et prosterné, je prie, le cœur brisé et comme réduit en cendres :
prend soin de ma dernière heure.
À écouter, à voir jusqu’à 23:55