Benjamin Britten
A Ceremony of Carols op. 28
pour chœur à voix égales avec harpe
Composée par Benjamin Britten en 1942 sur un bateau entre l’Amérique et l’Angleterre pour un chœur de garçons avec harpe, A Ceremony of Carols demeure une œuvre-phare dans le répertoire de musique sacrée. Une écriture volontairement dépouillée n’enlève rien à la grandeur et à la profonde expressivité de l’œuvre.
- Procession (Hodie Christus natus est) : antienne grégorienne
des Vêpres de la Nativité - Wolcum Yole ! : chant de bienvenue, proclamation joyeuse de la naissance
- There is no Rose : méditation sur la rose qui a porté Jésus, ambiance extatique, grande tendresse
- That yongë Child : mystérieuse évocation du chant de Marie
par l’éloquente voix d’alto - Balulalow : ravissante berceuse , balancement entre mode mineur et mode majeur
- As Dew in Aprille : joie légère et spontanée sur le clapotis de la harpe
pour l’évocation de Marie, mère de Dieu. - Thie little Babe : saisissante poursuite des voix en canon,
expression de la toute-puissance divine cachée dans l’enfant nouveau-né - Interlude : moment de rêve hivernal pour harpe seule, beauté cristalline
- In Freezing Winter Night : frissonnement des voix et de la harpe en trémolo,
méditation sur le dénuement de l’enfant Jésus. - Spring Carol : changement de ton avec une ballade printanière
- Deo gratias : en mode pentatonique, le chant est radieux et invite à l’exaltation
- Recession = reprise de Procession
A écouter, à voir : Benjamin Britten : A Ceremony of Carols
Maîtrise de Radio France
Iris Torossian, harpe
Sofi Jeannin, direction
B.Britten : A Ceremony of Carols
Traduction française
1 – Procession (hymne grégorien)
Aujourd’hui le Christ est né,
Aujourd’hui le Sauveur est apparu,
Aujourd’hui sur la Terre les anges chantent et les archanges se réjouissent,
Aujourd’hui les justes exultent en disant :
Gloire à Dieu au plus haut des cieux,
Alleluia ! Alleluia !
2 – Wolcum Yole ! (Anonyme, 14ème siècle) – Bienvenue, Noël !
Bienvenue, bienvenue, bienvenue sois-tu Roi du Ciel,
Bienvenue Noël !
Bienvenue à toi qui es né un matin,
Bienvenue à toi pour celui que nous chanterons !
Bienvenue, Thomas le martyr
Bienvenue les Saints bons et chéris
Bienvenue, les Saints Innocents
Bienvenue, Douzième Jour both in fere
Soyez les bienvenus, Etienne et Jean,
Sois la bienvenue, heureuse année nouvelle
O heureuse année nouvelle,
Bienvenue Noël ! Bienvenue Noël ! Bienvenue !
Messe aux chandelles, Reine de béatitude,
Bienvenue aux puissants comme aux gens de peu.
Bienvenue à toi qui es ici,
Bienvenue Noël, bienvenue à tous et réjouissez-vous.
Bienvenue à tous pour une autre année, une autre année,
Bienvenue Noël !
Bienvenue !
3 – There is no rose (Anonyme, 14ème siècle) – Il n’est pas de rose
Il n’est pas de rose d’une telle vertu
Que celle qui porta Jésus.
Alleluia ! Alleluia !
Car dans cette rose étaient contenus
Le Ciel et la Terre dans un faible espace.
Chose admirable, chose admirable.
Grâce à cette rose nous voyons bien
Qu’il existe un seul Dieu en trois personnes.
Egales par le rang, égales par le rang.
Les anges et les bergers chantent :
Gloire à Dieu au plus haut des cieux,
Gloire à Dieu au plus haut des cieux !
Réjouissons-nous, réjouissons-nous,
Abandonnons toute cette frivolité terrestre,
Et accompagnons cette heureuse naissance.
Transformons-nous, transformons-nous, transformons-nous !
4 – That yongë child (Anonyme, 14ème siècle) – Ce jeune enfant
Ce jeune enfant, quand il pleurait,
Elle le berçait d’une chanson :
Cette mélodie était si douce
Qu’elle surpassait tous les chants de ménestrels
Aussi bien que le chant du rossignol :
Son chant (du rossignol) est (en comparaison) rauque et laid de surcroît :
Celui qui l’écoute plutôt que le premier (celui de Marie)
A bien tort.
5 – Babulalow (J., J. & R Wedderburn, 1561)
O mon cher cœur, tendre petit Jésus,
Fais ton berceau entre mes bras
Et je te bercerai contre mon cœur
Et ne me laisserai jamais séparer de toi.
Mais je te célèbrerai toujours
Par de doux chants à ta gloire.
Mon cœur s’agenouillera devant toi
Et chantera cette berceuse Babulalow !
6 – As dew in Aprille (Anonyme, c. 1400) – Comme la rosée d’Avril
Je chante la jeune fille immaculée :
Elle fit de son fils le Roi des Rois.
Il vint tout doucement
Où se trouvait sa mère,
Comme la rosée d’Avril
Qui tombe sur l’herbe.
Il vint tout doucement
Dans la maison de sa mère,
Comme la rosée d’Avril
Qui tombe sur l’herbe.
Il vint tout doucement
Où sa mère reposait,
Comme la rosée d’Avril
Qui tombe sur le bocage.
Elle seule fut jamais à la fois Mère et Vierge.
Seule une telle Dame pouvait être la mère de Dieu.
7 – This little Babe (R. Southwell, 1561?-1595) – Ce jeune bébé
Ce jeune bébé, tout nouveau-né,
Est venu pour combattre le royaume de Satan ;
L’enfer tout entier tremble en sa présence
Tandis que lui tremble de froid ;
Car sous cet aspect faible et désarmé
Il prendra par surprise les portes de l’enfer.
Il combat avec ses larmes et remporte la victoire,
Sa poitrine nue lui tient lieu de bouclier,
Ses sonneries de guerre sont ses pleurs d’enfant,
Ses flèches sont ses yeux en larmes,
Ses étendards de guerre le Froid et le Manque,
Sa chair fragile est son destrier.
Une étable lui sert de campement,
Son bastion n’est qu’un mur effondré ;
Son berceau pour tranchée, des brindilles de foin pour lances,
Son armée est faite de bergers.
Ainsi, certains de blesser l’ennemi, les anges sonnent l’alarme.
Mon âme, joins-toi au Christ dans ce combat
Je me tiendrai près des tentes qu’il a dressées.
C’est dans son berceau que se tient la plus sure des sentinelles.
Ce jeune bébé sera ton gardien.
Si tu veux vaincre ton ennemi dans la joie,
Ne t’éloigne pas de cet enfant divin.
8 – In freezing Winter Night (R. Southwell, 1561?-1595)
–Dans la froide nuit d’hiver
Voyez, un pauvre petit bébé, dans la froide nuit d’hiver ;
Dans l’accueillante mangeoire, il gît tremblant.
Hélas, quelle vision pitoyable !
Les auberges sont combles ;
Nul ne laissera son lit à ce petit pèlerin.
Il est forcé de blottir sa tête dans un râtelier au milieu des bêtes brutes.
Cette étable est la cour d’un Prince.
Cette mangeoire son trône ;
Les bêtes font partie de son escorte d’apparat.
L’écuelle de bois est sa vaisselle.
Les gens dans leur pauvre costume
Portent sa livrée royale.
Le Prince en personne est descendu du Ciel ;
C’est là qu’on apprécie un tel faste à sa juste valeur.
Dans la joie, approche-toi, O Chrétien,
Rends hommage à ton Roi.
Et loue bien haut le modeste apparat
Qu’il a apporté du Ciel.
9 – Spring Carol (W. Cornish, 14?-1523) – Chant de Printemps
Certes, c’est un plaisir d’entendre l’oiseau qui chante,
Le cerf dans le vallon, le mouton dans la prairie, le blé qui sort de terre.
Dieu pourvoit à la subsistance.
C’est pour l’homme, c’est pour l’homme.
Aussi toujours nous le louons et nous l’en remercions.
10 – Deo gracias (Anonyme, 15ème siècle) – Grâces à Dieu
Deo gracias !
Adam était réduit en esclavage pour quatre milliers d’hivers
Et il ne pensait pas que c’était trop long.
Deo gracias !
Tout cela pour une pomme, une pomme qu’il a prise
Comme les clercs ont pu le voir écrit dans leur livre.
Deo gracias !
Si la pomme n’avait pas été volée,
Jamais Notre Dame ne serait devenue reine.
Béni soit l’instant où la pomme fut volée.
C’est pourquoi nous devons chanter :
Deo gracias !