Notre quotidien résonne de divisions. Il suffit d’interroger les familles, les communautés villageoises, notre pays, et les réalités internationales. L’Europe est divisée, le monde est divisé.
Les tyrans de la planète ont bien compris que la stratégie consistait à diviser pour mieux régner.
Soyons lucides sur ce qui est à l’œuvre dans les divisions que nous subissons ou cultivons. Tout ne se vaut pas, et nous sommes, par nos appartenances et convictions, tous et toutes fondamentalement différents. Mais la différence n’est pas un mal, bien au contraire, la contradiction oblige à réfléchir, permet de mûrir.
C’est forts de cette conviction au cœur de notre foi au Dieu (Elohim, un mot hébreu au pluriel) que nous cultivons le dialogue, à l’intérieur comme à l’extérieur de nos Églises. La semaine de prière pour l’unité des chrétiens fut particulière cette année avec les 1700 ans du symbole de Nicée qui réunit les théologiens pour définir ensemble ce que nous croyons, espérons, attendons, ainsi que la venue du patriarche de Constantinople à Strasbourg, le patriarche « vert », précurseur de la militance écologique, qui plaide pour une date commune de Pâques entre Église d’Occident et d’Orient. Orthodoxes, catholiques, anglicans et protestants se sont retrouvés pour parler de ce qui nous unit et prier ensemble à la cathédrale de Strasbourg.
Dans toutes nos communautés, nous avons ouvert les portes pour prier autrement, avec les frères et sœurs qui appartiennent à d’autres traditions ou sensibilités du christianisme. N’acceptons pas d’être tributaires des personnes. L’œcuménisme n’est pas optionnel. C’est aux communautés de réclamer que les portes restent ouvertes de sorte que la foi puisse se dire et se transmettre dans une multiplicité de langages comme ceci nous a été révélé à Pentecôte.
Dans un monde fragmenté, dans un Occident autocentré, ayons la curiosité et le réflexe vital de nous exposer à la différence. Ce faisant nous contribuons modestement au maintien de la démocratie attaquée, fragilisée de toutes parts.
L’évêque épiscopalienne Mariann Budde nous a montré que prôner l’amour des plus vulnérables, de l’étranger (l’extra-nos, celui qui est différent de nous), le simple rappel du cœur de l’Évangile retentit comme un acte de résistance. Là où règne la division, ayons le souci de l’unité. Là où règne la haine et le mépris de l’autre, allumons la lumière de la parole.
« Maintenant je vous confie à Dieu et à sa parole d’amour. Cette parole a le pouvoir de construire votre communauté. »
Actes 20, 32