À quelques semaines de la grande trêve d’été, je voudrais appeler l’attention des lecteurs d’INFOS Acteurs sur deux événements dans lesquels l’UEPAL est fortement impliquée, qui auront lieu en octobre et en novembre prochain. Il s’agit tout d’abord d’une table ronde organisée le jeudi 5 octobre 2023 à 17h30 au Parlement européen, sur le thème « L’Europe a-t-elle besoin des religions ? ». Cette manifestation se situe dans le cadre de l’année Bucer. Elle veut marquer la dimension européenne du Réformateur, et son souci de l’articulation entre le témoignage de l’Évangile et la vie dans la cité, peut-être dirait-on aujourd’hui entre religion et politique. Les intervenants seront le Pr. Jean-Marc Ferry de l’Université de Nantes, la pasteure Dorothée Wüst, présidente de l’Église protestante du Palatinat et l’évêque luthérien hongrois Tamas Fabiny. Vous trouverez les informations utiles dans les pages consacrées à l’année Bucer du site de l’UEPAL. Pour vous inscrire, cliquez ici. L’inscription est gratuite dans la limite des places disponibles.
Le second événement est le colloque universitaire qui aura lieu les 16 et 17 novembre 2023 à Strasbourg sous le titre « Le protestantisme et les pasteurs alsaciens-mosellans entre 1940 et 1945 ». En gestation depuis 2016, ce projet a fait l’objet de débats quelquefois difficiles, entre celles et ceux qui estimaient que remuer le passé était inutile (à l’instar du célèbre « Enfin redde m’r nimm devun » de Germain Muller…), celles et ceux qui auraient préféré se contenter de mettre en lumière quelques héros (il y en eut !) ou qui à l’inverse auraient des comptes à régler avec une Église selon eux trop complaisante à l’égard du régime nazi. Le Pr. Marc Lienhard a bien voulu accepter de coordonner la préparation de ce colloque, pour lequel les inscriptions sont également ouvertes. Là aussi, la participation est gratuite dans la limite des places disponibles : inscrivez-vous en ligne.
Sans conteste, ce colloque ne sera qu’une étape sur le chemin d’une vérité historique sans cesse à revisiter. Ce ne sera certes qu’une étape, mais une étape importante dans la mesure où, organisée sur la proposition du Conseil de l’UEPAL par la faculté de théologie protestante de l’Université de Strasbourg, il constituera le premier moment où l’institution Église accepte de regarder en face cette période où l’ombre, la lumière et le compromis se sont entremêlés.
Le lien entre ces deux événements ne saute pas aux yeux. Il est cependant pour moi de l’ordre de l’évidence. Effectuer un travail de mémoire sur une période sombre de notre histoire nationale, régionale et ecclésiale n’a pas pour but de distribuer les bons et les mauvais points ou de juger par contumace les acteurs de l’époque : a posteriori, cela est assez facile ! Il s’agit de nommer avec rigueur et si possible objectivité les dérives et les mécanismes qui y ont conduit, mais il s’agit avant tout de faire œuvre de prévention pour le présent et le futur.
Nous ne savons que trop que l’époque actuelle est grosse de risques qui mettent en péril la fragile démocratie européenne et les droits humains acquis au prix de bien des souffrances et sacrifices. Ce sera le but de la table ronde du Parlement européen de nous faire prendre conscience, en tant qu’Église, de la nécessaire vigilance à exercer pour prévenir des excès funestes dans bien des domaines, comme, par exemple, la politique migratoire. Le colloque du mois de novembre illustrera de son côté ce qui peut arriver lorsque les chrétiens abandonnent ou oublient leur responsabilité de veilleurs.
Perdre la mémoire est ce que nous redoutons tous lorsque nous vieillissons, car vivre sans mémoire est impossible : nous ne pouvons pas sans cesse réinventer notre existence. Elle se nourrit de l’expérience de celles et ceux qui nous ont précédé, et elle devrait nous aider à ne pas refaire leurs erreurs et les nôtres. Ainsi cultiver la mémoire nous aide-t-il à vivre aussi sereinement que possible le présent et à ne pas être paralysés par la peur de l’avenir.